Sols

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164 – Zéro artificialisation nette : bien nommer les choses pour ne pas ajouter au malheur des sols

Dans le cadre des assises de la biodiversité, qui viennent de se terminer ce 9 octobre à Massy (Essonne), un atelier portait sur l’objectif de « zéro artificialisation nette » (ZAN) des sols. L’ambivalence du phénomène d’artificialisation, à la fois connu, documenté mais dont la définition reste difficile à cerner et est encore sujet à discussion.

Un observatoire a pourtant été créé : l’Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers (Oenaf), qui contribue à éclairer ce concept de « ZAN », esquissé à l’été 2018 par Nicolas Hulot dans son plan Biodiversité. Problème, l’Oenaf ne s’attarde guère sur les sols urbanisés. « Or, au sein de l’enveloppe urbaine, il peut y avoir de la désartificialisation qui contribue à l’atteinte d’objectifs, ce n’est point à exclure sous peine d’être imprécis », poursuit-on au Cerema.

Une chose est sûre, le A de ce « ZAN » est à entendre comme une perte de la fonction naturelle d’un sol. Quant aux mesures opérationnelles contribuant à l’atteindre, elles font l’objet d’un groupe de travail national lancé il y a un an. Son but : construire une trajectoire nationale, partagée par tous. Pour la nourrir en chiffres, un observatoire déjà en ligne s’appuie sur des fichiers fonciers.

Mais là aussi, face aux difficultés à définir l’artificialisation, tout porte à croire que pour bien suivre celle-ci et couvrir l’ensemble des enjeux, une batterie d’indicateurs reste à créer et/ou consolider. Des zones de flou en effet persistent. Par exemple, faut-il considérer les serres de culture et les centrales photovoltaïques au sol comme des espaces artificialisés ou pas ?

Sans attendre une définition stable, certains s’engagent dans un objectif de sobriété foncière

et mettent en avant des actions de renaturation de sites artificialisés ou dégradés et se mettent aussi à chiffrer les effets des opérations d’aménagement routier – « un échangeur, c’est 5 à 7 hectares de foncier » – à identifier des parcelles à désartificialiser et à accompagner les communes et intercommunalités dans le déploiement d’actions.

L’objectif ZAN peut également entrer en contradiction avec le solaire. Selon la Dreal Paca, le calcul est vite fait : « Un gigawatt de plus en solaire au sol, c’est 1.000 hectares de foncier consommé ». Ne vaut-il pas mieux continuer à en développer en toiture ? « Il y a des limites, 20% des bâtiments sont protégés au titre du code du patrimoine. Quant au potentiel de développement sur des parkings, il est à prendre avec des pincettes. Sur des plans d’eau, nous l’explorons depuis peu. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est que nombre de porteurs de projets se retrouvent bloqués. Le solaire ne peut pas passer en force, il faut donner des clés de lecture, inciter quand il se développe au sol à bien démontrer à l’administration qu’il s’implante sur le moins mauvais site ». Pour autant, la Dreal ne croit pas au miracle. Pour développer les énergies renouvelables, « il faudra quand même aller sur des espaces non artificialisés, ce qui va à l’encontre de l’objectif ZAN ». Localtis, 16 octobre 2020

128 – LES MAUVAISES HERBES, NÉCESSAIRES A LA BONNE SANTÉ DES CULTURES

Les recherches en agroécologie portant sur plusieurs champs de blé et maïs et prairies démontrent, graine par graine, les rôles essentiels que jouent les coquelicots, bleuets, géraniums et autres indésirables : ils abritent des insectes auxiliaires et pollinisateurs ainsi que des micro-organismes essentiels à la fertilité du sol.

L’objectif final de l’agroécologie est de se passer de l’utilisation des pesticides et l’étude a montré l’intérêt de maintenir cette flore sauvage peut être maintenue sans y perdre en termes de rendement, à condition de doser l’équilibre entre leur apport à la survie des cultures et la concurrence qu’elle exercent à leur encontre. Le Monde, 30-31 août 2020 Environnement/Sols

106 – L’Opesct donne le champ libre à la production d’Énergie issue de l’agriculture

Dans un rapport rendu public, ce 21 juillet, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) formule une vingtaine de propositions pour développer la production d’énergie dans le secteur agricole.

Selon le rapport, le secteur agricole, avec au moins 50.000 exploitations concernées, assure déjà 20% de la production d’énergies renouvelables (soit 3,5% de la production nationale d’énergie), dont 96% de la production nationale de biocarburants, 26% du biogaz, et via son foncier 83% de l’éolien, 13% du solaire photovoltaïque. Une proportion amenée à s’accroître d’après les scénarios prospectifs de l’Ademe, de NégaWatt ou encore de Solagro puisque, à l’horizon de la neutralité carbone en 2050, cette production devrait être multipliée par trois.

Le rapport, qui étrille notamment les ambitions trop modestes de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) sur le biogaz, fait de la méthanisation une des priorités. Ce mode de production d’énergie « vertueux », qui permet de valoriser la partie fermentescible de la biomasse et des déchets, « va devenir un sujet de premier plan avec l’obligation de la collecte des biodéchets dans les villes au plus tard le 31 décembre 2023 ».

Sur le photovoltaïque, il recommande de soutenir l’agrivoltaïsme – des panneaux solaires mobiles installés au-dessus des plantations – « car il permet d’éviter l’artificialisation des sols ». Les avis sont divergents pour l’éolien, l’un soutenant qu’il n’est « pas sûr qu’il soit pertinent d’accroître les soutiens à la filière de l’éolien terrestre », pointant la « forte intermittence », des problèmes de stockage comme autant d’inconvénients ajoutés à l’occupation des terres, l’autre se montre plus tempéré, même s’il partage la préoccupation de « veiller à ce que toutes les opérations de démantèlement des éoliennes s’accompagnent bien de la remise en état des terres agricoles ».

Dans une logique « d’économie circulaire territoriale », le rapport recommande de faciliter la consommation locale, au niveau des exploitations (autoconsommation « à la ferme ») ou dans les territoires à proximité, le cas échéant dans des « communautés énergétiques ». Différentes formes de partenariat peuvent être envisagées, comme une chaufferie collective, la récupération de boues d’épuration pour le méthaniseur, un contrat de vente d’huiles végétales pour des flottes captives municipales, etc.

Le rapport préconise ainsi de  « mieux protéger le foncier agricole », entre  autres « en donnant des moyens de lutter contre les contournements actuels et l’artificialisation des terres », identifiée comme un des freins au développement des énergies renouvelables, dont certaines, à l’exemple des biocarburants ou de l’électricité photovoltaïque au sol sont, largement consommatrices de terres et peuvent induire des conflits d’usage, préjudiciables aux cultures alimentaires. Localtis, 24 juillet 2020

94 – LA POLLUTION AUX MICROPLASTIQUES AFFECTE AUSSI LES TERRES

Alors que les effets du plastique sur les océans sont désormais assez bien connus, ceux sur les sols n’ont été découverts que récemment et ils sont aussi néfastes. Ils peuvent aussi bien modifier la consistance du sol et favoriser des plantes invasives que réduire la résistance d’autres aux maladies. Digérés par des bactéries, celle-ci vont consommer de l’oxygène et rejeter du dioxyde de carbone. Ils peuvent également altérer l’écoulement de l’eau dans les sols et l’évapotranspiration des plantes. Le Monde 08/07/ 20

91 – Des urinoirs féminins pour utiliser le pipi en agriculture

Louise Raguet est l’inventeur des pissotières Marcelle, destinées à collecter l’urine des femmes (*) dans l’espace public, avec pour objectif d’en réutiliser les nutriments comme fertilisant.

« L’urine est un engrais formidable !» lance-t-elle à l’occasion d’une balade conférence organisée lors des «48 heures de l’agriculture urbaine »: les plantes prélèvent de l’azote, du phosphore et du potassium dans le sol. Ces nutriments transitent par le corps de l’être humain quand il mange et ils sont rejetés lors de l’excrétion. On les retrouve essentiellement dans l’urine. Le liquide blond que l’on produit tous les jours est donc bourré de nutriments. Seulement, quand on fait pipi dans l’eau, les stations d’épuration éliminent ces nutriments qui ne reviennent donc pas à la terre.

Que peut devenir le liquide fourni par les femmes, « A l’échelle d’un potager, la façon la plus low-tech d’utiliser l’urine en agriculture est de faire pipi dans un arrosoir. On utilise l’urine pure pour préparer les sols, et diluée vingt fois dans de l’eau pour arroser les plantes au printemps et l’été ».

Mais quand on récupère de très gros volumes, les agriculteurs ont recours à un processus d’hygiénisation : ils la stockent pendant trois mois dans une cuve fermée ; le pH élevé et l’ammoniaque détruisent les molécules indésirables telles que les résidus médicamenteux ou les germes. Pas de risque d’obtenir des tomates qui regorgent de substances illicites.

Le pipi des urbains pourrait aussi être transformée en Aurin, de l’urine distillée pour ne garder presque que les nutriments. Ce produit, fabriqué par l’entreprise Eawag, est vendu comme engrais naturel en Suisse pour l’utilisation en potager. Le liquide est filtré au charbon actif, ce qui nettoie les restes de médicaments.

(*) Dans les lieux publics, il existe déjà des urinoirs secs masculins qui permettent de collecter l’urine sans chasse d’eau Libération, mardi 30 juin 2020 (via internet)

64 – LA CHAÎNE DE L’IMMOBILIER BLOQUÉE DE BOUT EN BOUT

L’article cite les propos de l’architecte Denis Dessus : « Un plan de relance à l’issue de la crise (de confinement suite à la pandémie de Covid-19), pourquoi pas, mais à condition de privilégier la rénovation et le logement, de faire la ville sur la ville, dans les friches industrielles ou les zones commerciales en entrées de ville, de densifier les lotissements mais de ne surtout pas artificialiser les sols ». Le Monde, 3 avril 2020

16 – IL FAUT CONSIDÉRER L’URINE COMME UNE RESSOURCE ET NON UN DÉCHET

Fabien Esculier, ingénieur du laboratoire eau, environnement et systèmes urbains (LEESU) à l’école des Ponts ParisTech propose d’utiliser un mélange de « 50cl d’urine dilués dans 10l d’eau, 1 fois toutes les 2 semaines » en remplacement des engrais azotés. Communeagglo, le magazine de l’agglo.de Paris Vallée-de-la-Marne, jan/fév/mar/avr2020 Environnement/Sols