Espace Piétons Rue Buignet
« Lors de son bilan de mandat (le maire) a été interpellé au sujet de la sécurité devant le groupe scolaire Jules Verne »
L’article rappelle que jeudi 28 mars, un automobiliste « qui roulait vite, a perdu le contrôle de son véhicule et heurté plusieurs barrières disposées devant l’école ». Il relève que « les trottoirs (sont) aménagés et sécurisés (par) des barrières et des potelets (et que) les deux carrefours qui entourent les établissements scolaires sont en passages surélevés ».
Toujours d’après l’article, les mesures prises par la mairie consistent à ce qu’étant donné que « autour des écoles, la circulation est limitée à 20km/h, ce sera le cas à Jules Verne », ce à quoi s’ajoutent « de grands triangles au sol afin de rappeler aux automobilistes que la zone est potentiellement dangereuse avec la sortie des écoles » et la « mise en place d’un agent de sécurité qui assure la traversée des élèves, rue du 11 novembre »
Le constat est que malgré la limitation de vitesse à 30km/h appliquée dans tout le centre-ville, ainsi que le maire le rappelle dans sa réponse, et les dispositifs ralentisseurs, un automobiliste au moins, a commis un excès de vitesse, et d’une ampleur telle qu’il en a perdu le contrôle de son véhicule.
On peut également se féliciter de ce que des barrières et potelets ont été mis en place et ont joué leur rôle à l’occasion de cet accident.
Mais, si les dispositifs visant à adapter une conduite responsable de la part des automobilistes désignent clairement où sont les responsabilités, les mesures prises « pour rappeler aux automobilistes que la zone est potentiellement dangereuse avec la sortie des écoles », (signalisation au sol, barrières et potelets) peuvent laisser croire que le danger, ce sont les élèves. Dans le premier cas, on protège les enfants des automobiles, dans le second, on protège les automobiles des enfants.
Dans cette problématique de partage de la voirie, on voit bien que la solution adoptée consiste à séparer les flux : à l’automobile, la rue, à l’enfant (et aux parents) le trottoir, et, les séparant en deux espaces impénétrables, barrières et agent de sécurité aux passages protégés pour piétons.
Pourtant, la signalisation mise en place d’une zone de rencontre, si elle limite la vitesse à 20km/h, autorise les piétons à marcher sur la chaussée et leur y donne la priorité, sauf à ne pas gêner indument le flux automobile.
(Code de la route – Article R 110-2 : section ou ensemble de sections de voies en agglomération constituant une zone affectée à la circulation de tous les usagers. Dans cette zone, les piétons sont autorisés à circuler sur la chaussée sans y stationner et bénéficient de la priorité sur les véhicules. La vitesse des véhicules y est limitée à 20 km / h. Toutes les chaussées sont à double sens pour les cyclistes, sauf dispositions différentes prises par l’autorité investie du pouvoir de police. Les entrées et sorties de cette zone sont annoncées par une signalisation et l’ensemble de la zone est aménagé de façon cohérente avec la limitation de vitesse applicable. »)
Par ailleurs, les passages surélevés ne sont pas adaptés car trop « doux » et franchissables à 50km/h, alors que la réglementation prévoit qu’ils puissent être conçu de façon à n’être confortablement franchis qu’en respectant une vitesse de seulement 30km/h. On voit bien cependant qu’ils ne suffisent pas à faire respecter les 20km/h.
Pour l’association Adequa, tant que le réseau viaire local sera le support d’itinéraires malins, raccourcis commodes et incitant à aller vite entre le centre-ville et l’est de la commune et au-delà, cette situation n’exclura pas qu’un drame tel que celui qui a été évité puisse se reproduire.
Elle propose donc d’étudier la faisabilité et l’intérêt d’une solution alternative reposant sur la mise en impasse des rues Buignet et du 11 novembre.
À la base, les rues Buignet, du 11 novembre et de la Liberté desservent un habitat dense avec les garages et parkings attachés, ainsi que des services, scolaires (deux écoles), culturels (Centre culturel et Théatre, Médiathèque), de santé (cabinet de dialyse) et sportifs (city-stade), et les parkings normalement dédiés à ces services.
La configuration du réseau aviaire, la gestion des sens uniques et leurs évolutions ont abouti à ce que les rues Buignet et du 11 novembre en particulier, deviennent un parcours de transit Ouest/Est, à l’écart des gros flux automobiles. S’ajoute l’utilisation de la voiture pour des petits parcours jusqu’aux écoles.
L’insuffisance et le mesurage des places de stationnement privatives (habitat) et publiques ont suscité des besoins qu’il a été choisi de satisfaire par la création de parkings publics, occupés en quasi permanence par des véhicules privés au détriment d’espaces ouverts à tous.
L’espace ouvert au sein de l’ilot urbain est ainsi découpé en de multiples espaces isolés les uns des autres, par leur configuration, par des barrières, par des usages. Quelques aménagements peu coûteux pourraient permettre de conserver les bénéfices des équipements actuels tout en retrouvant l’unité de l’espace central et son rôle de place publique.
La première disposition consiste à réaliser un plateau infranchissable (configuration à discuter avec les services de secours) à l’intersection de la rue Buignet et de la rue du 11 novembre. Il sera plus ou moins étendu mais devra laisser libre accès aux garages et parkings existants.
Les accès aux parkings et garages longeant la rue de la Liberté sont facilités par la mise en double sens du tronçon de la rue de la Liberté compris entre les rues du 11 Novembre et de l’Ilette.
L’accès au parking du Centre culturel est inversé pour que l’entrée se fasse désormais par la rue de la Liberté.
La rue Buignet est mise à double sens, tandis que les tronçons maintenus de la rue de la Liberté sont traités comme une allée d’un parking global, « parking Curie » d’une part et « parking Verne » d’autre part, avec pour ce dernier, le rétrécissement de la chaussée à une seule voie, comme il en est pour « Curie ».
Le traitement en parking de ces espaces présente plusieurs avantages en termes de sécurité : la priorité est aux piétons et la vitesse de la circulation y est ramenée à celle du pas.
Code de la Route, art. R413-18 : le conducteur d’un véhicule (…) qui circule dans un parc de stationnement aménagé sur un terre-plein (…) ne doit y rouler qu’à l’allure du pas et en prenant toute précaution afin de ne pas constituer un danger pour les piétons. »
Les dispositifs ralentisseurs autorisés sont bien plus sévères que sur la voie publique (ralentisseurs monoblocs « voie privée », sorte de boudins en caoutchouc dur, striés noir et jaune, pouvant limiter la vitesse à 10/15 km/h et que l’on retrouve dans les parkings).
La suppression du transit en cœur d’ilot rend aux riverains et à la spontanéité des enfants un usage libre et sécurisé de l’espace, tandis que l’accessibilité des aménités n’est que faiblement altérée.
Un complément d’aménagement pourrait consister à végétaliser les lieux, par exemple en élargissant l’ilot jusqu’au trottoir l’ilot séparant en deux voies l’accès à la rue du 11 Novembre depuis l’avenue François Mitterrand (en face de la rue Henri Rol-Tanguy).
La potentielle suppression de 12 à 20 places de stationnement sur l’ensemble des rues Buignet (en cul de sac) et de la Liberté (nouveau tronçon à double sens) est à la hauteur des enjeux, mais pourrait être compensée à court terme par des mesures améliorant la rotation des stationnements existant sur les lieux et à proximité immédiate, soit à moyen terme par adjonction d’un étage sur les parcs en pourtours.
En conclusion, par la mise en place d’une organisation de l’espace où le danger laisse la place à l’apaisement, le conflit à la convivialité, la séparation au partage, le cloisonnement au lien, la stérilité au vivant, la minéralisation à la végétalisation, le lieu retrouve ainsi sa vocation à la foi patrimoniale, culturelle et éducative tout en continuant à la partager avec les citoyens de la Ville et au-delà.